Sangoma

Cinq sangoma au KwaZulu-Natal.

Sangoma est le nom donné aux tradipraticiens, hommes ou femmes, d'Afrique australe, particulièrement en Afrique du Sud. Ils tiennent différents rôles sociaux et politiques dans les communautés, tels que ceux de devins, de guérisseurs des maux physiques, psychiques et spirituels ; ils dirigent les rituels de naissance et de décès, aident à retrouver le bétail perdu, protègent les guerriers, pratiquent le désenvoûtement… Ils perpétuent aussi l'histoire, la cosmologie et les mythes liés à leurs traditions. Il y a deux principaux types de guérisseurs traditionnels parmi les Nguni, les Sotho-Tswana et les Tsonga : les devins, sangoma, et les herboristes, inyanga. Ces guérisseurs sont très respectés dans les sociétés où la maladie est considérée comme causée par la sorcellerie, le contact avec des objets ou des circonstances impures ou par le fait d'avoir négligé ses ancêtres[1],[2]. On estime leur nombre à 200 000 en Afrique du Sud, à comparer aux 25 000 médecins formés à l'occidentale[3]. Les guérisseurs sont consultés par environ 60 % de la population sud-africaine, en général en même temps que les médecins à l'occidentale[4].

Afin d'avoir une vie exempte de troubles, les guérisseurs, et leurs patients, croient qu'il faut une harmonie entre les vivants et les morts ; cela s'obtient grâce à divers rituels incluant des sacrifices d'animaux[5]. Ils pratiquent ainsi des invocations en brûlant des plantes telles que l'imphepho (Helichrysum petiolare), en dansant et chantant au rythme des tambours. Les guérisseurs prescrivent souvent à leurs patients des muti, médicaments à base de plantes et de produits animaux et minéraux, porteurs d'une signification spirituelle et d'un pouvoir symbolique ; la graisse de lion, par exemple, est utilisée pour accroître le courage des jeunes gens. Il existe des muti pour virtuellement toutes les maladies physiques ou mentales, et des potions de protection qui permettent de trouver l'amour ou d'avoir de la chance.

Quoique sangoma soit un terme zoulou communément utilisé pour désigner tous les tradipraticiens d'Afrique australe, il existe des différences parmi les pratiques. Un inyanga pratique essentiellement la médecine à base de produits végétaux et animaux tandis que le sangoma pratique la divination à des fins thérapeutiques et peut aussi être considéré comme un « voyant ». À l'époque actuelle, le colonialisme, l'urbanisation, l'apartheid et le transculturalisme ont brouillé les distinctions et les guérisseurs tendent à conjuguer les deux types de pratiques[4],[6],[7],[8]. Les guérisseurs alternent entre les deux rôles, diagnostiquant les maladies et pratiquant la divination pour déterminer les causes et les remèdes aux problématiques spirituelles ou sociales[9].

Chaque culture possède sa terminologie propre concernant les guérisseurs. Les Xhosa les appellent amaxwele (herboristes) ou amagqirha (devins)[4]. Ngaka et selaoli sont les termes utilisés respectivement en sotho du Nord et sotho du Sud, tandis que les Venda utilisent mungome[3]. Les Tsonga nomment leurs guérisseurs n'anga ou mungoma[10].

  1. Cumes 2004, p. 14.
  2. Campbell 1998, p. 38.
  3. a et b Truter 2007, p. 56-60.
  4. a b et c van Wyk, van Oudtshoorn et Gericke 1999, p. 10.
  5. Cumes 2004, p. 10.
  6. Richter 2003, p. 8.
  7. Liebhammer 2007, p. 196.
  8. (en) Engela Pretorius, SAHR 1999, Durban, Crisp, Nicholas, (ISBN 1-919743-53-7), p. 249–257
  9. Hunter, The Function of Diviners, (lire en ligne [archive du ])
  10. Liebhammer 2007, p. 171-174.

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